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Il devient évident que le plastique se retrouve en quantités énormes dans les parties les plus profondes de l’océan, enfoui dans les sédiments du fond marin, et pris comme des nuages de poussière dans les profondeurs de la colonne d’eau.
Le plus effrayant est peut-être, selon Helge Niemann, biogéochimiste à l’Institut royal néerlandais de recherche sur la mer, qu’il puisse se fragmenter en si petits morceaux qu’on peut à peine le détecter. À ce stade, il devient, selon Niemann, « plus comme un produit chimique dissous dans l’eau que flottant dans celle-ci ».
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« Ce n’est pas parce que vous ne le voyez pas qu’il n’est pas là », explique Anela Choy, professeur d’océanographie à l’Université de Californie à San Diego et chercheur principal du projet. Sous ce qu’elle appelle la « surface de la peau » de l’océan, les submersibles filtrent soigneusement l’eau de mer et prennent un instantané de ce qu’elle contient.
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Les échantillonneurs à distance trouvaient encore du plastique à leur profondeur maximale de 1 km. Mais ce n’est que le début de la chasse. » Après deux ou trois ans de travail, la vérité est que nous n’avons qu’un seul ensemble d’échantillons provenant d’une partie de l’océan mondial « , dit-elle.
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Richard Thomson, l’océanologue qui a inventé le terme » microplastique » en 2004 pour décrire les morceaux de moins de 2 mm de longueur difficiles à capturer, a suggéré que de grandes quantités pourraient se trouver dans les profondeurs de l’océan et au fond des mers.
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Source : The missing 99%: why can’t we find the vast majority of ocean plastic?
URL : www.theguardian.com/us-news/2019/dec/31/ocean-plastic-we-cant-see
Complément soumis par Boris Perchat
Commentaire de Boris Perchat : Les fonds océaniques tels que nous les connaissons se sont constitués à partir d’ingrédients naturels or à partir du moment où un ingrédient exogène qui plus est non naturel tel que le plastique vient s’y ajouter en grande quantité et de manière invisible car dissous nous pouvons sans doute nous attendre à ce qu’ils viennent perturber les équilibres en place. Il est impossible d’anticiper de manière évidente son impact sur les fonds océaniques et notamment sur les sédiments sur lesquels les câbles sous-marins sont déposés ou enfouis mais il est sûr que cet impact aura lieu. Serait-il possible de reconstituer en milieu fermé dans un laboratoire un fond marin et d’y observer les impacts du plastique sur celui-ci ?
Edit du 28 janvier 2020 : je tombe par hasard sur un reportage sur la chaine ARTE intitulé « Incendies géants : enquête sur un nouveau fléau » expliquant que les pompiers ont eu à un moment besoin dans leur quête pour vaincre les incendies géants de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents des feux de forêts. Ils ont eu alors l’idée de créer des chambres de combustion qui ont permis de reproduire en laboratoire des feux en vue de les étudier et de mieux penser les stratégies humaines pour les combattre. Je pense qu’il peut en être de même donc pour ce qui concerne le plastique et les fonds marins. Il pourrait être créé un bassin reproduisant un fond marin où il serait étudier les mécanismes de diffusion du plastique dans les sédiments et la structuration qu’il opère sur ceux-ci.